Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

Se comprendre sans avoir besoin d'expliquer

Côtoyant Jean-Louis Sanchez depuis longtemps au laboratoire, j’avais vraiment appris à le connaître, à apprécier son attitude posée et ses avis toujours bien argumentés lorsqu’ensemble, nous étions sous-directeurs du laboratoire.

Il avait la responsabilité des micro et nano-systèmes et moi celle de la robotique. Aussi, quand je lui avais proposé d’être le directeur adjoint du LAAS, j’étais certain de trouver en lui un collègue bon connaisseur du terrain, capable d’apporter la complémentarité thématique et la capacité d’action nécessaire pour relever avec moi le défi de piloter ce grand laboratoire.
Mais une fois installés dans notre nouvelle responsabilité, c’est l’homme que j’ai découvert. Et surtout l’ami. Jean-Louis a été mon compagnon de tous les instants pendant les quatre ans qu’a duré notre mandat à la direction du LAAS, de janvier 2007 à décembre 2010. Il n’y avait pas de grande décision que nous ne discutions et ne partagions. Nous nous voyions à toute heure (et très souvent « à pas d’heure »). Sa probité et sa rigueur ont installé entre nous une confiance absolue et une relation profonde qui nous permettait, comme ces vieux couples, de nous comprendre sans avoir besoin d’expliquer. Le travail conduit ensemble ou séparément se partageait et se menait naturellement.

Jean-Louis a été mon compagnon de tous les instants pendant les quatre ans qu’a duré notre mandat à la direction du LAAS

Jean-Louis avait une profonde connaissance de son domaine scientifique et inspirait le respect à ses collègues, aussi bien localement qu’à ceux qui venaient de loin nous rendre visite. Il m’a appris et j’ai compris grâce à lui beaucoup de choses sur la microélectronique, et les nanos. Aussi bien sur leur science et leur technologie que sur leur complexe écosystème à Toulouse et en France. Nous avons pu poursuivre et approfondir le développement de ce domaine stratégique en relation avec nos partenaires académiques ou industriels.
Je suis sans doute mal placé pour en juger, mais je suis persuadé que les grandes orientations du laboratoire qui ont été décidées pendant notre mandat sont imprégnées de notre relation. Les projets Adream et Alive sont ainsi, en effet, intrinsèquement transversaux et allient, différemment mais profondément, les grandes disciplines du laboratoire que nous représentions : l’informatique, l’automatique, la robotique et la micro et nano électronique. Ils intègrent le continuum de la collecte, du traitement, de la transformation et de la transmission de l’information, avec la gestion et la transformation de l’énergie. Ils traitent à la fois du naturel et de l’artificiel, de la complexité de la matière vivante et du matériau fabriqué.
Son attachement au LAAS, sa profonde volonté d’œuvrer pour construire, ont amené Jean-Louis Sanchez à vouloir poursuivre à la direction du laboratoire pour transformer l’essai, en bon rugbyman qu’il était. Le destin, injuste, en a voulu, hélas, autrement.

Raja Chatila
Directeur de recherche au CNRS,
Directeur adjoint scientifique de l’INS2I,
Directeur du LAAS 2007-2010