Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

Talents

Amit Kumar Pandey, docteur du LAAS en juin 2012, a obtenu le 2e prix ex-aequo du Prix Georges Giralt de la meilleure thèse européenne en robotique pour son travail : « Towards Socially Intelligent Robots in Human Centered Environment ». Le prix, qui comprend la publication de la thèse sous forme de livre par l'éditeur Springer Tracts on Advanced Robotics (STAR), a été décerné lors du forum européen de robotique le 20 mars 2013 à Lyon, après une sélection en plusieurs phases parmi 37 soumissions de toute l'Europe. Dans le cadre de son stage post-doctoral au LAAS, Amit Kumar Pandey est actuellement "chercheur invité" auprès d'Aldebaran Robotics, société française dédiée à la robotique humanoïde. Il se définit lui-même sur son site comme « chercheur et explorateur dans le domaine plein de vitalité de la robotique ». Né à Buxar « sur la rive du Gange », c’est en Inde à  l’IIIT d’Hyderabad qu’il avait obtenu un master recherche en robotique en 2007 et auparavant une licence en ingénierie du JIIT, à Noida, en 2005.
Ses intérêts de recherche actuels concernent les aspects de la prise de perspective, prise de décision, l'apprentissage et la proactivité dans les comportements des robots pour l'Interaction Homme-Robot (HRI) et Robots socialement intelligents, avec des considérations de sécurité, de confort, d’intuition et d’acceptabilité sociale. Son rêve est de voir un jour hommes et robots co-exister en parfaite harmonie. Dans ce but, il a été un contributeur actif de nombreux projets de recherche de l’Union Européenne, dédiés à la HRI et la robotique sociale.

Délivré par EURON, European Robotics Research Network, ce prix annuel porte le nom de Georges Giralt, co-fondateur du LAAS et roboticien, en reconnaissance de son influence décisive, dès les années 1970, dans la fondation d’une communauté européenne de la robotique. Georges Giralt est décédé le 10 février 2013.

Le Comité technique « Sécurité et protection de la vie privée » de l'IFIP (lire ci-dessus) a attribué son prix Kristian Beckman 2012 à Yves Deswarte, directeur de recherche au CNRS, chercheur en informatique au LAAS spécialiste de la sécurité et de la protection de la vie privée. Ce prix, créé en 1992, récompense chaque année une personne, et non pas un groupe ou un organisme, pour ses contributions significatives aux avancées dans le domaine de la sécurité en informatique. L’énoncé des motifs de la désignation d’Yves Deswarte souligne ses compétences scientifiques et la constance de la qualité de ses travaux qui ont contribué aux évolutions de sa discipline, toujours avec « modestie et intégrité ». Yves Deswarte a été dans les années 80 un des pionniers de la tolérance aux intrusions, thème qui l’a fait connaître et reconnaître au niveau international, en particulier aux USA au niveau universitaire mais aussi par la DARPA. Ses idées originales et sa philosophie personnelle l’ont conduit à devenir un avocat de la protection de la vie privée, thème qui est devenu sa spécialité actuelle et pour laquelle il est une éminence au plan national et international.

L’IFIP, principale fédération internationale de sociétés savantes dans le domaine de l’informatique, a créé un prix Jean-Claude Laprie en sûreté de fonctionnement informatique. Ce prix rend hommage au chercheur et ancien directeur du LAAS Jean-Claude Laprie (1944-2010) dont les contributions à l’énoncé des concepts et méthodologies en sûreté de fonctionnement informatique et à la structuration de la communauté scientifique concernée ont été décisives. Le prix récompense des publications remarquables qui ont influencé les théories et pratiques du domaine, cela avec un recul d’au moins dix années. Il est décerné par le groupe de travail 10.4 de l’IFIP. Outre la reconnaissance des travaux des prochains lauréats, ce prix est aussi celle de Jean-Claude Laprie et de la place du LAAS, qu’il dirigea de 1997 à 2002, dans le domaine de la sûreté de fonctionnement. Jean-Claude Laprie a été vice-président de l’IFIP de 2002 à 2008, et le premier Français à en présider un groupe de travail (1986-1995). Lui ont succédé au même groupe de travail 10.4 Jean Arlat, directeur du LAAS, comme président de 1999 à 2005, et Karama Kanoun, directrice de recherche CNRS au LAAS, comme vice-présidente depuis 2006.

Didier Henrion, chercheur au LAAS et Jerome Malick, du LJK-CNRS et INRIA Grenoble, ont reçu le prix Charles Broyden 2011 du meilleur article paru dans la revue Optimization Methods and Software. Leur article « Projection methods for conic feasibility problems, applications to polynomial sum-of-squares decompositions » décrit de nouveaux algorithmes de projection et de régularisation pour résoudre des problèmes d'optimisation convexe particulièrement importants en automatique. Didier Henrion, médaille de bronze du CNRS en 2004, a par ailleurs reçu en 2011 avec ses collègues du LAAS une subvention de la Fondation Simone et Cino del Duca de l’Institut de France dans le domaine des mathématiques et leurs applications. Leurs travaux sur les méthodes et algorithmes de commande se situent dans la ligne historique du LAAS combinant les mathématiques appliquées avec l’optimisation, les sciences de l’ingénieur avec l’automatique et les applications aérospatiales, comme par exemple la commande de moteurs d’avion ou le problème du rendez-vous spatial.

Magali Brunet, chargée de recherche au LAAS-CNRS, est la lauréate 2011 de la médaille de bronze de la recherche scientifique pour la 8e section du comité national « Micro et nanotechnologies, électronique, photonique, électromagnétisme, énergie électrique ».  La médaille de bronze, qui lui a été remise par le délégué régional du CNRS en Midi-Pyrénées le 18 juin dernier, « récompense le premier travail d'un chercheur, qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine. Cette récompense représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes ». Aujourd’hui âgée de 35 ans, ingénieur de l’INSA de Lyon, Magali Brunet a fait sa thèse au NMRC, National Microelectronics Research Centre de l’University College Cork en Irlande, puis un stage post-doctoral au CEA-LETI à Grenoble avant d’être recrutée par concours comme chargée de recherche au CNRS en 2004 et de rejoindre le LAAS en 2005.

Ses travaux portent sur l’intégration sur silicium de composants passifs : bobines et condensateurs, pour les systèmes de gestion de l’énergie.Le contexte est celui de l’électronique nomade où  la miniaturisation et l’accroissement des fonctionnalités  augmente les besoins en énergie électrique  des équipements dans un espace de plus en plus limité.  Chaque fonction requiert ainsi plusieurs convertisseurs de puissance. Dans ces convertisseurs, l’encombrement des éléments passifs représente aujourd’hui jusqu’à 50% de la taille totale. La chercheuse a axé son projet sur la conception de composants passifs intégrés sur silicium et le développement de filières technologiques relatives à ces micro-composants, en particulier condensateurs tridimensionnels et micro-bobines. Pour atteindre les performances souhaitées, l’enjeu concerne surtout la mise en œuvre optimale en couches minces sur substrat silicium de matériaux ferromagnétiques pour les micro-bobines et diélectriques à forte permittivité pour les condensateurs. Depuis 2007, elle y a ajouté une thématique adjacente, l’intégration de micro-supercondensateurs, composants de stockage qui trouvent leur intérêt dans les microsystèmes autonomes en énergie, comme le nœud d’un réseau de capteurs communiquant sans fil. Dans cet axe de recherche, porté par le projet AutoSens[1], l’objectif est de réaliser sur un même substrat le microsystème récupérateur d’énergie, les capteurs, l’élément de stockage et l’électronique associée.

Pour les années qui viennent, Magali Brunet compte poursuivre ses travaux dans ces deux domaines. Concernant les composants passifs intégrés, l’activité s’inscrit dans le cadre d’un projet de réalisation et d’innovation industrielle de microsystèmes hétérogènes[2].

Le second thème, récent, sur le stockage de l’énergie, qui mobilise autour d’elle un chercheur (auparavant post-doctorant et recruté au CNRS en 2010) et deux doctorants, a commencé à produire des résultats intéressants et innovants en termes de performances de densités d’énergie et de puissance. Ceci, grâce à des collaborations locales,  le CIRIMAT à Toulouse, et internationales, l’Université de Drexel à Philadelphie, aux Etats-Unis. Collaborations désormais étendues à l’Institut National de la Recherche, à Varennes au Québec.

Pour mener à bien ses travaux, la jeune femme s’est beaucoup servie des équipements de la plateforme de micro et nanotechnologies du LAAS. « L’environnement LAAS est très riche » dit-elle. « La nouvelle salle blanche est pleine de promesses. C’est une salle blanche de recherche où j’aime bien travailler. L’accès n’y est pas figé, ni hiérarchisé à l’excès. Faire un procédé prend du temps, les étapes sont soumises à des aléas mais nous travaillons dans de bonnes conditions et je ressens une vraie liberté d’action ».

Choisir la recherche ?  « Au début, je n’avais pas vraiment de vision à long terme quant à mon avenir, mais je ne me voyais pas dans le monde de l’entreprise » dit-elle. « Au LAAS, je suis arrivée à faire ce que je voulais faire. J’ai eu de la chance de  pouvoir mener les projets qui étaient au cœur de mes centres d’intérêt. Mes domaines de recherche sont ainsi assez resserrés : je préfère rester concentrée sur les deux axes choisis. Il ne faut pas chercher à tout faire ; il faut en revanche chercher les compétences là où elles sont. Je privilégie donc les collaborations avec les chimistes et les physiciens quand cela s’avère nécessaire ».

La nouvelle organisation de la recherche, amorcée par l’avènement de l’ANR et qui s’intensifie, privilégie la notion de « projet » qui conditionne son financement. Magali Brunet a été dans ce cadre responsable scientifique et coordinatrice du projet ANR jeunes chercheurs CAMINO, Eléments capacitifs MIM à forte densité Intégrés sur Silicium pour la conversion de l’énergie, de 2006 à 2009. Comment voit-elle sa place dans les nouveaux dispositifs ? « Certes, nous devons être présents mais c’est la science qui doit continuer de dicter nos choix. En répondant à trop de sollicitations, on court le risque intellectuel de se disperser et se perdre, c’est pourquoi je ferme parfois mes écoutilles et me dis « reste scientifique quoi qu’il arrive !» ».

Magali Brunet est la 4e lauréate de la médaille de bronze au LAAS pour la section 8. Les précédents sont Daniel Estève, qui recevra plus tard la médaille d’argent, Françoise Lozes et Robert plana.

[1] AutoSens, AUTOnomous SENSing microsytem, projet financé par la FRAE, Fondation de recherche pour l’aéronautique et l’espace, de 2007 à 2010

[2] PRIIM, projet débuté en 2009 pour 4 ans, financé par l’OSEO et porté par la société IPDIA à Caen