Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

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Jean Lagasse, fondateur du LAAS, était avec Robert Chabbal(1) et quelques autres un pionnier lorsque dans les années 70 leurs actions concertées et volontaires ont conduit à la création du département des Sciences pour l’ingénieur, département dont les activités combinaient « les disciplines de base et l’art de l’Ingénieur dans un échange permanent avec les autres disciplines ». Les directeurs successifs du LAAS, d’abord Laboratoire d’automatique et de ses applications spatiales devenu ensuite Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes, ont maintenu cette ligne et le LAAS aujourd’hui est la plus importante unité de recherche du département ST2I.

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Le positionnement scientifique du LAAS lui donne un rôle moteur dans la prise en compte et la résolution des problèmes que posent les sciences et technologies de l’information et de la communication et les sciences pour l’ingénieur. Ce qui rassemble aussi les chercheurs du LAAS, ce sont les systèmes, qu’ils soient matériels, logiciels ou à la fois matériels et logiciels tels les systèmes embarqués. Ainsi, depuis plus de trente ans, une culture « Systèmes » s’est construite, développée et enrichie ; les chercheurs, ingénieurs, techniciens et administratifs du LAAS incarnent cette culture qu’ils ont à coeur de développer et de faire partager. Le LAAS est un acteur majeur de la recherche et du développement de la région Midi-Pyrénées ; il accompagne et contribue en particulier au développement de l’industrie aéronautique toulousaine. Ainsi, il est partie prenante des principaux projets structurants qui se sont développés au cours de ces dernières années, notamment au sein du pôle de compétitivité « Aerospace Valley » ou encore dans le réseau thématique de recherche avancée, RTRA « Aerospace Science and Engineering », ASE. Le LAAS est un exemple dans le domaine des relations partenariales, avec plus d’une dizaine de laboratoires communs et un club de partenaires actif. Le LAAS a été ainsi un des premiers laboratoires de recherche impliqué dans les réalités et les enjeux industriels, avec une démarche socialement responsable pour l’industrie régionale et nationale. Dans ce contexte, le LAAS a obtenu en 2006 le label Carnot dès la première campagne de sélection.
Le LAAS a su dépasser les dimensions régionale et nationale pour atteindre une envergure internationale ; les centaines de doctorants étrangers de tous les continents qui sont passés par ce laboratoire depuis plus de trente ans en constituent les meilleurs ambassadeurs. Parmi les dizaines de collaborations internationales initiées et suivies par le LAAS, deux concernent un même pays, le Japon, et peuvent être citées en exemple :
• l’implication déterminante du LAAS dans la création et le fonctionnement de l’unité mixte internationale « LIMMS » basée à l’université de Tokyo ; le LAAS a eu une contribution essentielle au développement de cette UMI en lui fournissant de nombreux chercheurs détachés et un directeur ;
• la participation du LAAS dans le « JRL », laboratoire international associé avec le National Institute of Advanced Industrial Science and Technology (AIST) du Japon ; elle a permis au LAAS de se doter d’un robot humanoïde expérimental qui, avec son homologue situé au LIRMM (Montpellier), constituent les deux seuls exemplaires en France.
Pour atteindre ses objectifs scientifiques, le LAAS a été doté de moyens technologiques conséquents, dans le cadre du contrat de plan Etat-Région, avec le soutien du CNRS et des collectivités locales. On peut notamment citer la centrale de technologie, dont les nouvelles installations ont été inaugurées en novembre 2007, et qui fait partie du réseau « RTB » des grandes centrales de technologie. Cette nouvelle centrale place le LAAS parmi les meilleurs sites européens pour la réalisation et la caractérisation de micro et nano systèmes. Pour l’avenir, le LAAS prévoit maintenant la réalisation de plusieurs plateformes technologiques qui viendront compléter ses moyens actuels, notamment pour l’étude et la caractérisation de systèmes embarqués ainsi que pour les composants et systèmes photoniques. Le LAAS dispose des moyens et des compétences pour répondre aux enjeux scientifiques du futur. Mais, il va devoir relever un défi interne propre, celui de démontrer qu’un Institut de cette dimension assure un environnement optimal pour ses chercheurs et ingénieurs et peut répondre avec réactivité aux défis scientifiques et technologiques. Gageons que les chercheurs et personnels du LAAS sauront relever ces défis comme leurs prédécesseurs l’ont fait avec succès.

 Pierre Guillon
Directeur du département ST2I, Sciences et technologies de l'information et de l'ingénierie, du CNRS

1) Directeur de la physique au CNRS, puis directeur général de 1976 à 1980