Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

Collaborations industrielles

© CNRS Photothèque / Motorola

Jean Louis Sanchez faisait partie de notre équipe LAAS/Freescale depuis si longtemps que je ne me souviens pas de notre première rencontre.

Au travers des laboratoires communs successifs, nous avons mené de nombreux travaux, je retiendrai en particulier ceux sur les circuits de puissance. En effet, certains de ces travaux ont permis, par exemple, l’avènement de l’application « Start et Stop » qui équipe aujourd’hui de nombreux véhicules et réduit considérablement consommation, bruit et émissions en cycle urbain. Nous avions également avec Jean-Louis de nombreuses rencontres informelles, et nous avions un but commun : définir un futur ambitieux pour notre région, en portant des projets reposant sur les compétences du LAAS, mais aussi sur celles des entreprises et des autres grands laboratoires nationaux.
Nous voulions que ces projets aient un sens industriel, tout en reposant sur des axes de recherche sur lesquels nous avions des compétences locales, et je devrais dire sur lesquels IL était compétent. Dans le domaine de ses compétences, nous n’avions que l’embarras du choix, c’est ainsi que nous avons lancé par exemple le projet concernant le nitrure de Gallium qui ouvre la porte à de nombreuses applications porteuses d’espoir pour l’avenir. En effet, l’utilisation croissante des énergies renouvelables va nécessiter la maîtrise d’énergies (Tension/Intensité) plus importantes et pour lesquelles de nouvelles solutions doivent être développées. Lorsque nous avons dû annoncer notre intention d’arrêter la partie production sur le site de Toulouse, il a tout de suite vu ce que ces pistes pouvaient amener comme solutions possibles, et il a énormément œuvré dans cette direction.

"Nous voulions que ces projets aient un sens industriel, tout en reposant sur des axes de recherche sur lesquels nous avions des compétences locales."

Toujours franc et direct, je n’ai pas souvenir qu’il ait un jour dit « je ne peux pas le faire... » ; bien au contraire, j’entends encore « je suis un peu à la bourre, je le fais ce week-end, je te fais passer une solution avant dimanche soir.. » avec son calme et son sourire habituels. Quelques heures avant sa disparition, il me faisait un SMS « je le fais lundi matin.. ». Il n’en aura pas eu le temps !
Fils de viticulteur, je me suis découvert avec Jean-Louis, non seulement des racines communes, mais aussi un intérêt commun autour de la vigne et du vin. Il était fier, à juste titre, de noter que dans son cas il avait transmis cette passion comme il l’avait reçue. Ses yeux brillaient de plaisir lorsqu’il parlait du Minervois, de l’Aude, des garrigues et de la vigne. Y a-t-il meilleure façon de parcourir ce pays qu’avec son chien comme il aimait le faire chaque fois que son emploi du temps le lui permettait, dans des parties de chasse qui avaient surtout pour but d’être avec ses proches, et au contact de cette nature qu’il affectionnait  tant, même si « là-bas, il fait chaud l’après-midi pour marcher» disait-il …
En sa mémoire, je voudrais tant que se développent de nouveaux projets porteurs d’avenir, comme ceux auxquels il a contribué, et pour le succès desquels il était prêt à faire beaucoup de sacrifices.

Denis Blanc
Directeur du site toulousain de Freescale

Photo ci-dessus : Circuits de puissance pour l'automobile