Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

page12-Chrono

Paul Fadel, ingénieur au LAAS dans le service Techniques et équipements appliqués à la microélectronique, TEAM, est entré au laboratoire en 1970. Il a vécu et participé à toutes les transformations qu’a connues au LAAS la salle vouée à la fabrication de composants microélectroniques, première salle blanche dans le milieu académique en France. Ses équipements, au début prototypes fabriqués au laboratoire, ont acquis un degré de sophistication technique tel qu’il a conduit à une hyperspécialisation des
personnels qui en ont la charge. De la joyeuse polyvalence du début à l’extrême professionnalisation d’aujourd’hui, Paul Fadel apporte son regard sur le bouleversement technologique qu’il a accompagné.

Cette aventure dans la technologie a impliquée bien des personnes, de tous horizons et toutes compétences. Chacune d’entre elles en a une perception particulière, selon sa sensibilité et les actions qu’elle a menées. Ma vision s’est construite à travers le prisme des évolutions « sur le terrain » de la technologie. Le maître mot qui résume le mieux cette histoire, c’est la professionnalisation de tous les acteurs. Avec en corollaire la montée en puissance de la « salle propre » qui est devenue maintenant une « plateforme de technologie ».

Des équipements fabriqués au laboratoire
A mon arrivée au LAAS le 8 mai 1970, j’ai rejoint le service Fonction intégrées, FI, qui comptait alors 5 personnes. Dans la « salle propre » de 150 m2, nous travaillions à la réalisation de transistors et de diodes sur substrat de silicium de 1’’. La plupart des équipements étaient entièrement fabriqués au laboratoire. Je me remémore le « petit train » : un chariot réalisait des séquences de nettoyage automatisées à l’aide de cartes perforées. Les contraintes autorisaient alors quelques parties de rugby avec des boules de papier, ou des fumeurs en salle.

page13-groupe

Elles semblent avoir appartenu à un autre monde, pourtant c’était alors le nôtre. Malgré ou grâce à ces moments de décontraction, le succès a été au rendez-vous. Rapidement les nouvelles techniques et la professionnalisation ont amené à bâtir la deuxième salle, « blanche » cette fois. En cette fin des années 70, nous avons alors adapté notre démarche à cet environnement afin de respecter les nouvelles contraintes. C’est aussi l’époque de l’émergence de la technologie à base de GaAs. Les 10 personnes du service FI mettaient en oeuvre des équipements bâtis à partir de machines industrielles et que nous adaptions à nos besoins. Cette approche s’est poursuivie pendant les années 80 avec toujours plus d’équipements, plus de professionnalisme, plus de sollicitations. On vit alors apparaître les premiers équipements « clés en main », loin des prototypes de laboratoire fabriqués à nos débuts.

Des microsystèmes aux nanotechnologies
En 1987 le service FI devient TEAM et nous travaillons toujours pour la microélectronique et l’optoélectronique. Au milieu des années 90 apparaissent les microsystèmes, puis les nanotechnologies au tournant du millénaire. Cette période correspond aussi à des projets de nouvelles salles blanches. La « centrale de technologie » voit le jour en 2005. sa construction marque, comme pour ses devancières, un saut dans la nature et la qualité des infrastructures et des équipements. Elle est aussi le creuset de nombreux changements dans notre approche de la technologie. Tous les acteurs deviennent des hyper spécialistes dans des domaines précis, tout en gardant une connaissance élargie de toutes les techniques disponibles.

Un outil magnifique
Pour moi, ce 8 mai 2008, le compteur indiquera 38 ans de vie professionnelle dans le laboratoire. Lorsque je jette un oeil dans le rétroviseur, je me rends compte que le temps est passé vite depuis mes débuts au service FI. Depuis la première salle propre, il a fallu constamment s’adapter. Celle dans laquelle nous travaillons aujourd’hui paraît à mes yeux un outil magnifique. Si les installations ont beaucoup évolué, notre façon de travailler a suivi le mouvement, jusqu’à atteindre un fort professionnalisme à force de persévérance. Je suis très heureux d’avoir vécu cette transformation et souhaite à tous les jeunes de vivre une expérience professionnelle aussi riche.

Paul Fadel
Ingénieur d'étude CNRS au LAAS