Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

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Josep Boada
Sujet de thèse : Sur la commande de satellites à entrées saturantes
Cofinancement CNES-Thales Alenia Space-CNRS

J’ai commencé mes études supérieures à l’Université polytechnique de Catalogne en Ingénierie industrielle. A un niveau qui équivaut au Master 1, une option de deux ans m’a permis d’intégrer Supaero, aujourd’hui ISAE, et de prétendre aux diplômes dans les deux pays. Je suis donc ingénieur de l’ETSEIB en Espagne et de l’ISAE en France. Je venais d’une école généraliste plutôt tournée vers les activités industrielles de la Catalogne, l’automobile et le textile, et les deux années à Supaero m’ont permis de m’orienter vers l’aéronautique. En Espagne, il n’y a pas grande différence entre un diplôme d’ingénieur et un diplôme universitaire. En France au contraire, on cherche toujours « l’excellence » et il y a une sorte de snobisme autour des grandes écoles qui me choque. J’ai cependant profité du système français des grandes écoles et j’ai un diplôme qui ouvre des portes, d’autant que j’ai été classé 8e sur une promotion de 186 élèves. J’ai fait après cela un séjour de 5 mois aux Etats- Unis, à l’Université de Californie à Irvine, UCI.

L’expérience de la recherche, de la réflexion, la liberté d’action –ce qu’on aime tous dans la recherche– m’ont plu. Je souhaitais revenir à Toulouse pour être près de mes amis et pas trop loin de ma famille. Je n’ai pas eu trop à chercher de thèse, il y avait au LAAS un sujet qui me plaisait « Sur la commande de satellites à entrées saturantes ». Ces trois années ont été remarquables. D’un point de vue humain, l’ambiance dans mon groupe est très conviviale et les doctorants y sont traités comme des membres à part entière. Cela aide à s’intégrer et sentir qu’on est dans un lieu de travail. J’ai besoin d’un cadre humain qui stimule l’envie et le plaisir de travailler. L’intérêt intellectuel n’est pas suffisant pour moi.

La thèse n’est pas toujours un chemin de roses. On doute parfois, on voudrait arrêter. J’avais quatre chefs, mes deux directeurs de thèse au LAAS et deux représentants du CNES et de Thales Alenia Space. Il y avait nettement trois pôles d’influence lors des réunions régulières d’avancement et l’exposé de mes résultats suggéraient aux uns qu’ils fassent l’objet d’une publication, aux autres d’un brevet.

Le travail de thèse m’a apporté deux choses importantes. Les notions d’ordre, de cohérence, de précision ont élevé mon chaos naturel. La rigueur d’un travail scientifique de base, où l’on observe si cela marche ou pas, où l’on décide d’un peu plus ou d’un peu moins, où l’on teste du petit au grand, tout cela m’a appris la démarche scientifique ordonnée. Le second acquis est d’avoir appris à lier. Discuter sur une autre thématique mais percevoir et savoir en exploiter les idées. Utiliser des techniques et des résultats issus d’autres domaines. Les terrains de recherche peuvent être différents mais les méthodes se ressemblent. Je sais maintenant, lorsque je lis un article, le mettre en lien avec mon sujet et en extraire des choses. C’est un processus mental que je n’avais pas avant ma thèse.

J’aime faire de la recherche mais la recherche fondamentale ne correspond pas à ma façon de penser. J’aime lire des articles scientifiques, les comprendre et les regarder à la manière d’un ingénieur. Imaginer un transfert, continuer la recherche mais appréhender des résultats sous différents points de vue m’est plus confortable. C’est pourquoi je me vois continuer la recherche, mais en entreprise. Travailler sur des phases 0, utiliser mes connaissances pour définir des voies de recherche qui serviraient les missions spatiales de demain par exemple, voilà ce que j’aimerais.