Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

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© LAAS-CNRS/V. Mochalin

L’innovation technologique est une des suites naturelles de la recherche. Pourquoi ne pas valoriser des travaux de recherche ciblés, novateurs, potentiellement rentables, au sein d’une start-up dédiée ? Il faut pour cela certes un peu d’audace, mais surtout de l’information, un projet bien construit et une évaluation comparée du potentiel et des risques. Des aides existent, des infrastructures d’incubation aussi. C’est l’objet du cycle de formation qu’a organisé le LAAS pour inciter ses doctorants, post-doctorants et son personnel permanent à la création d’entreprises.

Le LAAS a organisé de février à mai 2010 un cycle de conférences à destination de tous ses personnels sur le thème De la recherche à la start-up. Le cycle s’est déroulé sur cinq soirées où ont alterné témoignages, analyses de cas et exposés sur l’environnement réglementaire et les structures d’assistance, le tout dans une ambiance de convivialité délibérée pour faciliter les échanges.

C’est un créateur d’entreprise de transfert qui rapporte son expérience lors de la première séance, avant d’animer les deux suivantes. Ingénieur de recherche au CEA-LETI jusqu’en 2003, Régis Hamelin est le co-fondateur d’une société qui développe des connecteurs optiques sur une base technologique transférée du CEA-LETI. Il y sera directeur technique jusqu’en 2009 puis créera, sur les bases de cette expérience, Codex Initiative, une société d'analyse et de conseil sur l'évaluation et le management du risque en innovation. Les séances qui suivent ce témoignage sont consacrées à l’appréhension concrète de projet au travers d’études de cas. Partant d’exemples de recherches menées au LAAS, la question est d’envisager leur valorisation en vue d’une création d’entreprise. Sur la base du volontariat, ce sont deux projets sur lesquels travaillent des doctorants du LAAS qui sont présentés et analysés. Les précautions nécessaires liées à la propriété intellectuelle sont évidemment prises. L’analyse porte sur le produit envisagé issu de la recherche, son marché, mondial, la concurrence existante et les brevets en cours. Enfin, deux dernières soirées sont consacrées à certains aspects de la création d’entreprises : l’entrée dans un incubateur, l’accueil sur un territoire, la réglementation et le soutien du CNRS à la création et les aides dont peuvent bénéficier les créateurs, avec l’intervention de protagonistes et d’experts. Ce cycle a été validé comme formation des doctorants de l’école doctorale Systèmes (EdSys) qu’anime le LAAS, ce qui est une confirmation à la fois de son utilité et de son intérêt pour les jeunes docteurs à qui il était notamment destiné. Mieux encore, un des cas analysés lors de ce qui était un exercice s’est révélé réaliste et se trouve en phase de concrétisation. Guilhem Astre, doctorant au LAAS, (lire ci-après) a intégré l’incubateur de Midi-Pyrénées en vue de la création d’Exem, entreprise spécialisée dans la mesure et la simulation de champs électromagnétiques.

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Actuellement en fin de thèse au LAAS, je porte depuis le dernier trimestre de 2009 un projet de création d’entreprise. Ce projet qui me permet de valoriser des compétences acquises durant les trois ans passés en thèse a pris une nouvelle dimension lors du cycle de formation « de la recherche à la start-up » initié par la direction du laboratoire. La rencontre de Régis Hamelin qui a animé les trois premières soirées de ce cycle m’a permis de le formaliser et de m’orienter vers les bonnes personnes et les bons organismes. Les conseils de Régis Hamelin et le soutien de mon directeur de thèse, Jean-Guy Tartarin, m’ont ainsi permis d’intégrer l’incubateur Midi-Pyrénées au sein duquel le projet est devenu une entreprise en août 2010. Exem est une société d’expertise électromagnétique qui effectue des mesures de contrôle de champs électromagnétiques en radiocommunication. Une solution innovante de mesure de champs électromagnétiques en continu sera développée pour satisfaire une demande grandissante du public. Les marchés cibles sont les opérateurs téléphoniques et les collectivités.
Cette formation a réellement été décisive dans la réflexion apportée à ce projet et j’invite la direction du LAAS à renouveler cette expérience aussi souvent que possible afin d’informer les étudiants sur les possibilités qui leur sont offertes et pour sensibiliser leur directeur de thèse.

Le LAAS et les Start-up

Avec son nombre important de chercheurs permanents et de doctorants, laboratoire amont travaillant beaucoup avec le monde industriel, le LAAS est une pierre angulaire dans le processus qui mène de la recherche à l’innovation et aux marchés. En complément des aides incitatrices existantes, le LAAS offre à ses chercheurs, ingénieurs, techniciens ou doctorants souhaitant créer leur propre entreprise un accompagnement pendant les premières années de leur existence, allant du soutien technologique à l’hébergement lors de la phase d’incubation. Le CNRS est membre de l’incubateur régional de Midi-Pyrénées.

Cinq start-up sont nées du LAAS au XXIe siècle :

• Kineocam, planification du mouvement

• Néosens, capteurs chimiques

• QoS Design, simulation/optimisation de réseaux

• Tag Technologies, microsystèmes pour la détection de mouvement en domotique

• Noomeo, capteurs pour modélisation CAO 3D

Le lien avec ces jeunes entreprises se poursuit souvent après leur création, que celles-ci soient nées dans le LAAS ou à l’extérieur de ses murs. Ainsi le LAAS a-t-il un partenariat fort avec d'autres start-up_: 31 Degrees (lire page 15), Captomed, Intesens, IPDIA, LDL Technology, Microbiochips / Nanobiochips, Nanomade Concept, Navontime et Novamems.