Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

page17-Binaur

© LAAS-CNRS

Le projet Binaur, auquel le LAAS a collaboré, a permis le développement d’un service d'aide au déplacement pour malvoyants et aveugles circulant en zones urbaines et
interurbaines. Le produit qui en est issu est aujourd’hui commercialisé par la société Angeo Technology.

Le nombre de malvoyants (ou “amblyopes”) était estimé(1) à 770 000, soit 1 français sur 100, en janvier 2000 par la Fédération des aveugles et handicapés de France, dont plus de 150 000 en Ile de France. Parmi ces personnes, la population en âge de travailler, environ 100 000, comprenait
85 000 malvoyants et 15 000 aveugles. Les jeunes aveugles et malvoyants ont le désir d’une vie normale et revendiquent une insertion sociale et professionnelle tout aussi normale. En 2002, les trois quarts des personnes malvoyantes en France étaient cependant victimes du chômage, taux extrême d'inactivité lié à leur manque d'autonomie. D’où l’idée de favoriser l’intégration sociale de la personne handicapée en la rendant plus autonome dans ses déplacements.
Le projet Binaur a eu pour objectif de concevoir un système de navigation urbain pour malvoyants disposant d'une précision en localisation de 5 m sur 98 % du temps et répondant aux critères d'acceptabilité de sécurité, fiabilité, confort, esthétique, indépendance et prix. Binaur a été conçu comme une aide à la locomotion incitant le malvoyant à développer ses capacités visuelles résiduelles pour détecter les dangers de proximité. Le système peut également être utilisé par des aveugles car l'interface humain-machine libère les mains de l'utilisateur et lui permet donc d'utiliser des aides conventionnelles (cannes, chiens,…)

page17-Binaur

© LAAS-CNRS

page17-Binaur1

© LAAS-CNRS

Géolocalisation : la fusion entre GPS et MEMS compense les manques en milieu urbain
Le système de géolocalisation proposé par le LAAS fusionne les informations issues d’un capteur GPS standard et des MEMS(2) disposés dans un boîtier fixé à la taille du sujet (accéléromètre, gyromètre, magnétomètre). Le prototype, développé au LAAS sur une base PC portable, a permis de valider les algorithmes de fusion sous différentes versions évaluant le meilleur compromis coût précision. Cette fusion permet de pallier les manques du récepteur GPS en environnement urbain (masquage des satellites, multi trajets). En outre, un modèle dynamique de locomotion
humaine a été identifié hors ligne grâce à l’utilisation de la capture de mouvement. Il est ajusté en ligne pendant les phases de bonne réception GPS afin de s’adapter à la morphologie de l’individu. Il en résulte un accroissement considérable de la précision et de l’intégrité du système de localisation. La précision de positionnement atteint 5 m sur 95 % du temps, ce qui est très supérieur aux performances d’un GPS seul en ville, où les erreurs dépassent fréquemment la centaine de mètres.
Le projet a été mené par la PME toulousaine Navocap en collaboration avec le LAAS, Rockwell Collins, le Medes(3) et la PME Eurisco, en partie financé par la DGE (appel à projets Uliss)(4) sur une durée de trois ans, de 2007 à 2009.

Ces recherches ont abouti à la création d’Angeo Technology, courant 2009, filiale de Navocap. Angeo Technology distribue le produit et fournit le service d’assistance en ligne aux utilisateurs par liaison GSM(5). Dans sa version finale, l'itinéraire peut être pré-enregistré soit par reconnaissance préalable avec l’aide d’un accompagnant, soit à partir d'un logiciel de calcul d'itinéraire disponible sur PC ou PDA. Un moteur de calcul d'itinéraires est également implanté dans le calculateur embarqué afin de permettre des modifications d'itinéraire en temps réel. Un dépôt de demande de brevet a été réalisé en copropriété entre le CNRS et la société Navocap.

1) Sur la base d’informations croisées, issues des services de santé, des CDES (Commissions départementales de l'éducation spéciale), des COTOREP (Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel) et du ministère des Finances.

2) Micro-Electro-Mechanical Systems ou Microsystème électromécanique.

3) Institut de médecine et de physiologies spatiales.

4) Direction générale des entreprises (rattachée au Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi) qui a lancé le 2e appel à projets Uliss (Utilisation comme levier d’innovation des signaux satellites) en 2007.

5) Global System for Mobile Communications, norme numérique de seconde génération pour la téléphonie mobile.