Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

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© LAAS-CNRS/Anne Mauffret

Le plan d’investissements d’avenir, issu des travaux de la commission Juppé-Rocard et financé par le grand emprunt national, représente un bouleversement inédit des pratiques de financement et d’organisation de la recherche en France. Fondé sur un principe de mise en concurrence dont doivent émerger les « excellents », il exige des laboratoires académiques et des industriels un rapprochement qui, s’il a toujours existé, particulièrement au LAAS, se formalise et conditionne désormais le financement des travaux de recherche. Quelle place trouvera le LAAS dans ce nouveau dispositif, dans les domaines de recherche qui sont les siens ? Sûr de ses compétences et conscient des enjeux, c’est au sein du PRES Université de Toulouse et avec ses partenaires et amis académiques et industriels qu’il a répondu, sur tous les fronts qui le concernent, aux appels à manifestation d’intérêt et aux appels à projets qui se succèdent continument depuis le printemps dernier.

Faisant suite aux préconisations du rapport, rendu en novembre 2009, de la commission Juppé-Rocard chargée de réfléchir aux priorités stratégiques que devrait financer le grand emprunt national, l’Etat a mis en place au printemps 2010 son plan d’investissements d’avenir, un financement de projets, sélectionnés par appel national, à hauteur de 35 milliards d’euros dont 22 milliards consacrés à la recherche. Innovation d’importance dans le dispositif, la majeure partie de ces crédits sera non consommable et fera l’objet d’une dotation en capital pour les bénéficiaires, lauréats des appels, qui pourront en tirer des revenus pendant au moins dix ans. Le système d’appel à projet, qui se veut très ouvert, est également marqué par une forme intense de mise en concurrence doublée d’une quasi simultanéité des appels à projets depuis le mois de juin 2010. Le LAAS s’est mobilisé, concerné ou impliqué par plusieurs composantes des investissements d’avenir, et a donc travaillé d’arrache-pied depuis lors avec ses partenaires et interlocuteurs naturels pour prendre en compte ces nouvelles règles de dotation et répondre aux appels qui dessineront aussi son propre destin.

Concernant les équipements d’excellence, dont l’ensemble des financements prévus est d’un milliard d’euros, avec une prévision de 80 à 100 Equipex après les deux vagues d’appel à projet, l’appel à projets Equipex a été ouvert début juin et clos le 15 septembre 2010.

L’appel Labex, pour les laboratoires d’excellence, aquant à lui été lancé fin juillet et clos le 22 novembre.Ce sont encore un milliard d’euros au plan national quisont en jeu, avec une cible de 50 à 100 Labex.Viennent encore les Instituts de recherche technologique,IRT, dont l’appel à projet a été lancé le 13novembre 2010 avec clôture le 11 mars 2011. Leconcept avait fait l’objet d’une phase initiale d’appel à manifestation d’intérêt auquel la communauté académique et des entreprises de la région Midi-Pyrénées ont répondu le 10 septembre par un projet intitulé « IRTAéronautique, espace, systèmes embarqués ». Le LAAS, concerné de longue date par ces problématiques, s’est particulièrement impliqué dans son élaboration.

Ses chercheurs ont fait force de proposition dans les groupes de travail chargés d’élaborer des projets de recherche dans les domaines technologiques stratégiques de l’IRT, et son secrétaire général, auteur de ces lignes, est membre de l’équipe porteuse du projet qui réunit 15 personnes autour de Jean-MarcThomas, senior vice-président recherche d’EADS.

L’IRT sera un métalaboratoire commun entre recherche publique et entreprises capables d’accueillir dans des locaux dédiés sur le site Montaudran Aerospace des équipes mixtes travaillant sur des recherches technologiques préparant l’avenir de l’aéronautique, de l’espace et des systèmes embarqués.

Porté par le PRES Université de Toulouse et par TOMPASSE (Association industrielle Toulouse Midi- Pyrénées Aéronautique, spatial, systèmes embarqués), l’IRT comprendra un ensemble de plateformes représentant 142 millions d’euros d’équipements, les programmes de recherche se chiffrant à 600 millions d’euros sur 10 ans. Il implique 80 entreprises, concerne 800 chercheurs et enseignants-chercheurs des laboratoires, le CNRS, le CNES, le CEA et l’ONERA étant partenaires du projet. Entre 4 et 6 IRT au total sont prévus pour une dotation globale de 2 milliards d’euros,

15 projets ont été déposés le 11 mars. Les auditions des porteurs de projet ont eu lieu mi-avril, les résultats de labellisation ont été annoncés par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le commissaire général aux investissements le 9 mai : notre IRT fait partie des six retenus.

Autre composante des investissements d’avenir, les Instituts d’excellence en énergies décarbonées, IEED, ont, comme les IRT, fait l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt. Dotés d’un milliard d’euros à répartir entre 10 IEED, leur périmètre est géographique et ils doivent être validés par un pôle de compétitivité. L’IEED de Toulouse TMP HEAD (Toulouse Midi-Pyrénées

Habitat, énergies, architectures durables) concerne le développement des énergies au sein des bâtiments et des activités humaines. Il est en outre couplé au projet CEDAR de campus d’excellence décarboné porté par le PRES. La place du LAAS dans l’équipe projet se trouve centrale, de par ses recherches sur les énergies et sa plateforme Adream en cours de construction. Concernant le label Carnot, le LAAS est institut Carnot depuis 2006 et a été renouvelé. Si le nouveau programme Carnot 2011-2016 n’entre pas totalement dans le cadre des investissements d’avenir, il y contribue pour des programmes spécifiques liés aux PME et à l’international. Le LAAS se porte candidat à son renouvellement en tant qu’institut Carnot, l’appel à candidature a été publié le 9 décembre 2010 et la réponse envoyée le 3 février 2011, et participe à un projet spécifique PME avec ses partenaires de l’alliance Carnot TIC-MNT.

Le projet d’Institut hospitalo-universitaire n’a pas été retenu en 1ère vague de labellisation. La communauté a présenté un projet d’IHU sur l’étude du vieillissement de la population et la façon de l’accompagner. De par sa recherche sur les systèmes, le LAAS est à même de contribuer aux travaux de cette thématique par sa recherche sur les systèmes dédiés à la santé et aux personnes.

Last but not least, l’initiative d’excellence, Idex, portée par le PRES, chapeautera l’ensemble des projets ci-dessus qui auront été sélectionnées dans le cadre d’un périmètre d’excellence du site toulousain d’enseignement supérieur et de recherche. Cette liste impressionnante de projets montre la forte implication du LAAS et l’incite à se projeter d’ores et déjà dans des dispositifs qui modèleront fortement l’univers de la recherche et ses interactions avec la société.