Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

Mon premier contact avec le LAAS remonte à novembre 1993 où, en dernière année à l’ENSEEIHT, je cherchais un stage de fin d’étude pour valider à la fois le DEA et le diplôme d’ingénieur.

A cette époque, je n’étais pas encore vraiment fixée sur mes projets professionnels et c’est à la lecture d’une brochure du LAAS proposant différents sujets que j’ai décidé de prendre contact avec des permanents de ce laboratoire et notamment un certain Jean-Louis Sanchez. À l’issue de notre entretien, l’enthousiasme de la personne et sa vision de l’évolution de la thématique m’ont incitée à choisir son sujet. Il portait sur l’étude de dispositifs semi-conducteurs de puissance, en vue de la réalisation de circuits de protection pour des applications réseau. Ce choix fut par ailleurs conforté lors d’enseignements sur les composants de puissance que ce chargé de recherche dispensait avec une passion communicative en dernière année du cycle d’ingénieur.
Le contenu scientifique du stage s’inscrivait dans le contexte plus général de l’intégration fonctionnelle qui consiste à intégrer dans le même substrat de silicium un interrupteur et les circuits de commande et de protection associés, en utilisant la technologie de l’interrupteur de puissance. Ce travail fut ainsi le point de départ d’un projet ambitieux, initié conjointement par des chercheurs du LEEI1 et le groupe CIP2 du LAAS, et dont l’objectif était d’intégrer sous forme monolithique une fonction interrupteur particulière, le « thyristor dual ». Jean-Louis proposa d’aller plus loin dans ces travaux dans le cadre d’une thèse, et, encouragée et motivée par son dynamisme, j’acceptai de continuer dans cette voie.

"A quelques minutes d’intervalle, on pouvait le rencontrer devant un microscope en salle blanche, discutant devant le tableau dans son bureau ou faisant une analyse détaillée de résultats de simulations ou de mesures."

Durant ces trois années de thèse, j’ai particulièrement apprécié sa rigueur scientifique et sa disponibilité dans les différentes étapes de mes recherches, que ce soit dans le choix des architectures de composants ou lors des phases de conception, de réalisation technologique et de caractérisation des dispositifs. Ainsi, à quelques minutes d’intervalle, on pouvait rencontrer Jean-Louis devant un microscope en salle blanche, discutant devant le tableau dans son bureau ou faisant une analyse détaillée de résultats de simulations ou de mesures. Dans cette démarche méthodique, il a toujours eu le souci que le travail réalisé soit valorisé par le biais de publications tant au niveau national qu’international, et notamment lors des journées GDR auxquelles il était très attaché car elles permettaient régulièrement, de façon très conviviale, d’échanger des idées et faire un état de l’art entres industriels et équipes de recherche françaises du génie électrique. Ainsi, l’intérêt porté par la société ST Microelectronics de Tours sur le thème de l’intégration fonctionnelle a-t-il permis de travailler pendant de nombreuses années en collaboration avec les ingénieurs R&D de cette même société. Grâce aux nombreuses réunions que nous avons eues avec eux et qui se sont déroulées tout au long de ma thèse, j’ai pu approfondir la réflexion sur l’étape d’optimisation d’une partie de l’architecture semi-conductrice de la fonction « thyristor dual », laquelle offrait un potentiel applicatif intéressant pour un fabricant de composants de puissance. Dans ce cadre, un brevet, dont nous étions co-inventeurs, a été déposé et a constitué pour moi une continuité des travaux avec un stage en post-doc dans l’entreprise afin de développer une structure destinée à valider le concept breveté. A l’issue de cette dernière année, dans un souci de renforcer l’action menée depuis plusieurs années par le groupe sur l’intégration en électronique de puissance, Jean-Louis me persuadait de tenter le concours d’entrée au CNRS. Tandis que je me destinais plutôt à l’enseignement, son aide considérable pour constituer un bon dossier de candidature et la préparation de l’oral, le soutien sans faille et quasi paternel qu’il m’a apporté m’ont permis d’obtenir un poste de chargé de recherche au concours général, ce qui n’a été possible que grâce aux efforts soutenus de Jean-Louis pour donner une visibilité forte du thème de l’intégration de puissance au niveau de la communauté nationale.

 

Marie Breil-Dupuy
Chargée de recherche au LAAS-CNRS

1 Lire l’article "Et les publications communes continuent !" de Henri Foch
2 Composants et intégration de puissance