Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

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Directeur de recherche au CNRS, Jean-Louis Sanchez a fait sa carrière, inachevée, au LAAS où, ingénieur de l’INSA, il avait préparé et soutenu sa thèse de doctorat avant de réussir le concours d’entrée au CNRS. Il n’a dirigé le LAAS que quatre courts mois et demi, du 1er janvier au 15 mai 2011.

En pleine effervescence des projets et candidatures aux nouvelles structures d’excellence –Idex, Equipex,Labex–, soumis aux dates fatidiques, rapprochées et multiples, de limites de dépôt, sans avoir eu le temps de mettre en place le projet qu’il avait nourri pour le LAAS, il est parti ce 15 mai, brutalement, sans maladie ni signe annonciateur, vite, comme tout ce qu’il devait faire. Le temps de la recherche s’est accéléré. Son temps s’était accéléré aussi car il s’était investi sans réserve, comme cela était sa nature, pour la défense et la protection de son laboratoire et de sa richesse, et pour que celle-là trouve dans le nouveau paysage les moyens de s’épanouir.

Une vision de la recherche, généreuse et collective, rigoureuse mais ouverte ; bienveillante et encourageante, notamment vis-à-vis des plus jeunes chercheurs.

 

Il avait construit une vision de la recherche, généreuse et collective, rigoureuse mais ouverte ; bienveillante et encourageante, notamment vis-à-vis des plus jeunes chercheurs ; stimulante dans l’amicale concurrence avec d’autres laboratoires académiques ; militante devant les décideurs institutionnels ; enthousiaste et inventive dans ses relations durables avec le monde industriel. C’est ce qui apparaît dans ce numéro spécial exclusivement composé de témoignages. L’objectif était que la somme des points de vue dessine une histoire scientifique et montre la place qu’y a eue Jean- Louis Sanchez. L’histoire se dessine en effet au fil des récits mais il apparaît qu’elle est intimement liée à la relation humaine que Jean-Louis Sanchez instaurait avec chacun de ses interlocuteurs au point que presque tous devinrent des amis. Au point aussi que le thème de l’amitié et, dans une à peine moindre mesure, le rugby dont les valeurs étaient pour lui une philosophie de vie, ne font pas ici l’objet d’une rubrique à part comme initialement prévu, tant ils sont présents à l’intérieur de chaque article où l’affect semble indissociable de la relation scientifique. La notion de « route » est fréquente dans le vocabulaire de l’évocation de la pratique scientifique. Persuadé de la vertu du collectif, Jean-Louis Sanchez, même s’il a « tracé sa route », semble avoir déployé une ardeur toute particulière à « ouvrir la voie ».